Ottawa comptait en 1911 une population chinoise d’environ 170 personnes et n’avait pas de Chinatown. Cette communauté chinoise s’est agrandit lentement jusqu’à atteindre environ 300 habitants en 1931.
En 1931, un petit Chinatown composé de trois épiceries, deux lavoirs, deux centres de récréation et une boutique de cadeaux, existait sur la rue Albert entre les rues Kent et O’Connor. (Plan 1).
Jusqu’en 1941, le Chinatown d’Ottawa ne s’était pas encore géographiquement étendu, tandis que le nombre de ses commerces avait augmenté jusqu’à atteindre une douzaine : quatre restaurants, trois lavoirs, deux épiceries, et trois autres magasins. De plus, quatre associations s’y étaient établies: le Club Oriental d’Ottawa, Le Club Dai Lou, le Club Moo Chung chinois, et la Ligue Nationaliste Chinoise. Une association antinippone, établie à Chinatown dans les années 1930, fût réorganisée après la fin de la Seconde Guerre mondiale pour devenir l’Association de la Communauté Chinoise d’Ottawa (Jiaqing Zhonghua Huiguan).
Chinatown entama son déclin après les années 1940. Étant situés près du centre ville d’Ottawa, les anciens immeubles de la rue Albert furent progressivement remplacés par de grands immeubles de bureaux. En 1961, seuls quatre restaurants et une épicerie chinoise demeuraient encore en service. Après leur fermeture dans les années 1970, le Chinatown de la rue Albert cessa d’exister.
Vers la fin des années 1960, plusieurs commerçants chinois commencèrent à établir leurs petits commerces dans la rue Somerset Ouest, une rue commerciale située entre les quartiers du Centre-ville et de Dalhousie. En 1974, les magasins et restaurants chinois tels que le Wah Fatt Barbercue Shop and Grocery, China Restaurant, Shanghai Restaurant et le Sun On Grocery se sont installés sur le trottoir nord de la rue Somerset Ouest dans le quartier du Centre-ville.
Durant les années 1970, un grand nombre de nouveaux immigrés chinois vinrent s’installer à Ottawa ; sa population chinoise passa de 3060 en 1971 à 8205 en 1981. Nombreux sont ceux qui s’installèrent pour monter leur commerce dans la rue Somerset Ouest du quartier du Nord de Dalhousie, qui n’était alors qu’un quartier résidentiel délabré de la classe populaire, habité par une population de groupes ethniques divers. En 1971, par exemple, 54 pour cent de ses résidents parlaient l’anglais en tant que première langue, 22 pour cent parlaient le français, 17 pour cent l’italien et les 7 pour cent restants parlaient le portugais, chinois, certains dialectes des Indes Orientales ainsi que d’autres langues. Ces nouveaux immigrés chinois opéraient de petits commerces familiaux de quartier le long de la rue de Somerset Ouest entre l’avenue Bronson et la rue Rochester. En même temps, un nombre indéterminé de commerçants et investisseurs chinois de Toronto et Montréal vinrent les rejoindre à Ottawa. Ils acquirent d’anciennes maisons dans la rue Somerset Ouest et les convertirent en établissements commerciaux pour y établir leur propre commerce ou afin de les mettre en location. En 1980, dix commerces chinois étaient étalés le long de la rue traversant les deux quartiers. Il n’y avait pas encore à l’époque de regroupement cohérent et concerté entre ces commerces chinois, c’est pourquoi la rue de Somerset Ouest n’était pas encore perçue ni par le public, ni par les chinois eux-mêmes comme le nouveau Chinatown.
Le 16 avril 1980, le Conseil municipal décréta le quartier du Nord de Dalhousie en tant que zone de redéveloppement urbain, et déclara aussi vouloir améliorer la rue Somerset entre l’avenue Bronson et la rue Preston. Ce décret était le résultat d’une croissance sans précédent du nombre de commerces chinois dans la rue Somerset au début des années 1980. En 1982, par exemple, la Famille Hum acquit plusieurs anciens bâtiments, les démolit et y construisit à la place le Humphrey Plazza, un immeuble commercial de deux étages. Nombreux furent les restaurants chinois, épiceries, boutiques de cadeaux, fleuristes, salons de beauté et bureaux qui s’installèrent dans ces nouveaux immeubles commerciaux et maisons rénovées de la rue Somerset Ouest. Au sud de la Humphrey Plazza, le Centre Communautaire Chinois d’Ottawa, édifice de huit étages, fût officiellement inauguré en 1982 au coin des rues Kent et Florence. Il comprenait quarante-six unités d’appartements, une salle communautaire, une bibliothèque chinoise et un bureau pour l’Association de la Communauté Chinoise d’Ottawa. La rue Somerset Ouest devint alors le Chinatown aux yeux de nombreux résidents chinois, mais pas pour autant pour les résidents italiens du quartier du Nord de Dalhousie où opéraient également des commerces italiens, vietnamiens, thaïlandais dans la rue Somerset. En 1981, par exemple, les Italiens représentaient 11 pour cent et les Chinois seulement 4 pour cent de la population résidentielle du quartier.
En février 1986, le Comité de Développement de Chinatown fût mis en place par les représentants des huit associations chinoises et quelques représentants issus de la communauté chinoise. Le Comité émit une requête auprès du Conseil Municipal pour entreprendre une étude de développement d’un futur Chinatown dans la rue Somerset Ouest. Cette requête fût rapidement approuvée et fit partie des projets soutenus par la campagne électorale du Maire Jim Durrell au cours de l’automne 1985. Le Comité d’Urbanisme d’Ottawa commença par définir les «Termes de Références» de l’Étude de Planification Urbaine de la rue Somerset, laquelle aboutît ensuite au développement du Chinatown dans cette même rue. En avril 1985, l’Association Communautaire du quartier Dalhousie, l’Association Cambodgienne, l’Association Communautaire Vietnamienne, l’Association des Commerces Chinois d’Ottawa et d’autres associations mirent en place le Comité des Citoyens de la rue Somerset (SSCC). Lors de la première lecture de la proposition du projet d’Etude du Département d’Urbanisme, le Comité (SSCC) a trouvé que le projet proposé accordait trop d’importance au développement d’un Chinatown distinct, émettant ainsi la volonté de voir une étude reflétant une approche pluriculturelle étendue qui tiendrait compte d’autres groupes culturels tels que les Vietnamiens, les Japonais ou les Laotiens. Le gérant d’un restaurant italien craignait ainsi que les visiteurs puissent être amenés à croire qu’un restaurant italien ne pouvait pas se trouver à Chinatown, tandis que le propriétaire d’un magasin d’alimentation indienne estimait que son magasin pourrait se distinguer à Chinatown puisque les visiteurs pourraient vouloir y essayer quelque chose de différent. Au sein du Conseil Municipal existait également une diversité d’opinions sur l’étude proposée. Le Conseiller municipal Darrel Kent était en faveur d’un Chinatown mieux identifié car, si tous les groupes ethniques et culturels étaient inclus dans le plan de développement, la rue Somerset deviendrait une autre rue commerçante comme les autres. Tandis que la Conseillère municipale Diane Holmes était opposée à l’idée du Chinatown car de nombreux commerces dans la rue Somerset n’étaient pas chinois. Finalement, en août 1987, le Conseil municipal approuva l’étude de faisabilité qui prenait en compte tous les thèmes possibles pour la rue Somerset Ouest. Un rapport intermédiaire fût achevé en octobre mais ne sut convaincre ni les résidents ni les commerçants du quartier de la rue Somerset. Enfin, le Département d’urbanisme d’Ottawa décida d’abandonner l’idée de créer un nouveau Chinatown dans la rue Somerset, préférant ainsi le laisser se développer par ses propres moyens.
En juillet 2006, certains représentants asiatiques de la communauté proposèrent au Maire Bob Chiarelli de construire un portail pour Chinatown à l’embranchement de la rue Somerset Ouest et de la rue Cambridge Nord. Ainsi, une équipe du Projet du portail de Chinatown fût mis en place en août sous la bannière de la Zone d’Amélioration Commerciale du Chinatown de la rue Somerset (ZAC). Cette Zone d’Amélioration Commerciale de Chinatown comprenait quatre-vingt dix boutiques et soixante propriétaires immobiliers de la rue Somerset entre la rue Bay et la rue Rochester. (Plus tard, la Zone fût étendue jusqu’à la rue Preston). Le Conseil municipal approuva la demande de la ZAC de nommer la partie relative à la ZAC de la rue Somerset : « Tangrenjie » (Chinatown).
En octobre 2006, le Comité de Pilotage de la porte fût mis en place avec Marilla Lo, une directrice de la ZAC, en tant que présidente, et Lawrence Lee, présidente du Club Lions chinois d’Ottawa, en tant que co-présidente. Le Comité de Pilotage obtint de la Ville d’Ottawa un fond de démarrage et établit un plan d’action pour une demande de financement auprès des trois niveaux du gouvernement. Cette demande de financement a été publiquement soutenue par le député fédéral MP Paul Dewar.
En novembre 2006, Larry O’Brien fût élu Maire de la Ville d’Ottawa et exprima tout son soutient au Projet du Portail de Chinatown. En juin 2007, le Conseil de la Ville d’Ottawa approuva le Projet du Portail et débloqua des recettes d’impôts comme subsides au projet. Katie Ng, Winnie Wang, Angie Kwan, Theresa Wong Yan et d’autres directeurs organisèrent plusieurs campagnes de collecte de fonds, tel qu’un tournoi de golf ou un dîner-gala pour lancement du Portail le 25 décembre 2007. Parmi les associations communautaires qui ont participé au projet, il y avait entre autres, la ZAC, le Club Lion chinois, l’Association communautaire chinoise d’Ottawa, l’Association Lung Kong, la Fédération d’Ottawa des organisations chinoises et autres représentants de la communauté asiatique locale. La Sénatrice Vivienne Poy fût la Présidente d’Honneur du Projet.
Le 17 octobre 2008, Lawrence Lee, Président de l’Association du Portail, en compagnie d’Albert Tan et d’autres directeurs rencontrèrent l’Ambassadeur Lan Lijun et le Maire O’brien dans le bureau du Maire pour discuter des détails du projet. Ottawa et Beijing étant deux villes jumelées, Beijing s’engagea à prendre à sa charge la conception du portail, le don de matériel de construction, des conseils architecturaux et une équipe de construction, tandis que la Ville d’Ottawa fournirait le terrain foncier. Les trois niveaux du gouvernement, la ZAC du Chinatown d’Ottawa, ainsi que la communauté ont fait ensemble don de plus de $ 919 000 pour la construction du portail. Le Gouvernement chinois a fait don du matériel de construction du portail et envoyé une équipe d’ouvriers et techniciens à Ottawa pour aider à construire l’arche. Le Portail du Chinatown d’Ottawa fût ainsi inauguré le 7 octobre 2010.
Le Canada et la Chine ont établi leurs relations diplomatiques le 13 octobre 1970. Ainsi l’inauguration officielle du Portail marqua également le 40ième anniversaire de l’installation des missions diplomatiques dans les deux pays. Le Portail se situe au centre de la ZAC dans la rue Somerset Ouest, sur laquelle, en 2012, opéraient 50 commerces chinois, environs 30 commerces vietnamiens, 3 commerces italiens, 3 commerces coréens, 2 commerces japonais, et environ 30 commerces d’autres groupes ethniques.