Vieillir au bon endroit
Me voyant vieillissante, célibataire
Au revenu plutôt précaire
C’est la peur qui m’a propulsée
Vers une résidence pour personnes âgées
Un toit sur la tête
Logement subventionné
Chauffé, électricité
Même un agent de sécurité !
Vous me direz
C’est bien assez !
Tu es bien ‘casée’ !
Et pour un temps
Ce fut la vérité
Vous auriez entièrement raison de penser
Que je suis une des privilégiées
Je le sais, je le sais ...
Mais si vous me demandez :
Ce serait quoi, pour toi,
Vieillir au bon endroit ?
J’y pense, je cogite
c’est évidemment vital d’avoir un gîte
Je pense à toutes les femmes comme moi
qui apprécient vraiment d’avoir un toit
Ou pire encore, qui n’en ont tout simplement pas ...
Mais il y a plus que ça
Pour que ce soit le bon endroit...
La solitude et le sentiment de n’être pas désiré
sont les plus grandes pauvretés
Dixit mère Teresa
Qui en a vu d’autres … à Calcutta !
On a beau avoir les plus beaux bâtiments de la terre
Si personne ne prend le temps de dire
Un Comment ça va sincère
Le coeur s’atrophie, se resserre
Et on se demande parfois : à quoi ça sert ?
En ces temps de pandémie planétaire
Où l’isolement est nécessaire
Je réalise que le bon endroit
c’est où je suis, ‘drette’ là ...
... à demander Comment ça va
ou parfois un beau bonjour suffira
La cerise sur le sundae, bien évidemment
serait de rester
quelques minutes de plus, est-ce que j’ai le temps?
pour laisser la personne me raconter
un brin de sa journée, de sa vie, de sa santé
Gandhi l’a dit :
Sois le changement
que tu veux voir dans le monde
Et dans ce sens, j’abonde :
Intéressons-nous à nos vieux
C’est tout simple
ça coûte rien
Et ça change les coeurs
Le vôtre et le mien ...
Mine de rien
💗
Auteur, Dyane Provost, Membre du comité consultatif local de Montréal, et membre avec une expérience vécue
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